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Tancrède, une uchronie

Ugo Bellagamba

Couverture par Arnaud Cremet

Année 1096. Lorsque son oncle, Bohémond de Tarente, décide d'abandonner Syracuse et de répondre à l'appel à la Croisade lancé par le pape Urbain II, le prince Normand Tancrède de Hauteville y voit la récompense de ses prières vibrantes. Quitter un Occident qui, inexorablement, s'enténèbre, et marcher sur Jérusalem pour délivrer le Tombeau du Christ et baigner dans la lumière de Dieu... Quel destin plus glorieux pourrait-il y avoir pour un jeune chevalier qui a grandi dans l'ombre d'un grand-père conquérant et d'une mère qui lui a enseigné la foi et la dignité ?

Pourtant, par-delà Pont-de-Fer, Antioche, et les premiers carnages, la Terre Sainte s'avère bien différente de tout ce que Tancrède avait imaginé. La médiocrité y côtoie le sublime, la vanité le recueillement, l'Infidèle s'y révèle plus honorable que le Croisé. Dans cet univers à la géopolitique complexe, le cheminement d'un chevalier ne peut être simple. Tour à tour apostat et assassin, paria et maître, de l'Anatolie à la Mer Caspienne, Tancrède devient l'acteur historique qui, d'abord en son for intérieur puis par ses actes, est appelé à changer le destin de deux mondes, en accomplissant la plus difficile des conquêtes : celle de son identité.

Historien du droit et des idées politiques, enseignant-chercheur à l'Université de Nice-Sophia-Antipolis, Ugo Bellagamba a été notamment révélé par La Cité du Soleil et autres récits héliotropes, ambitieux recueil de novellas mêlant utopie, uchronie et space opera, qu'il qualifiait lui-même « d'acte de naissance ». Depuis, avec Le Double corps du Roi (co-écrit avec Thomas Day, 2003), ou « Chimères ! » (prix Rosny aîné et Bob Morane 2005), il n'a de cesse de jeter des ponts entre passé et futur - à l'exemple de Robert A. Heinlein, auquel il a consacré un important essai, Solutions Non Satisfaisantes (coécrit avec Éric Picholle), paru aux Moutons électriques en 2007. Tancrède, son premier roman en solo, est une uchronie affutée et très personnelle qu'il a mûri pendant près de dix ans. Si elle conjugue le souffle d'un Gemmel à la subtilité d'un Silverberg, elle se veut surtout un appel à l'ouverture et à l'humilité face aux enjeux d'aujourd'hui.